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Silvia Naef est professeure ordinaire à l’Unité d’arabe de l’Université de Genève depuis 2006, où elle a obtenu son doctorat en 1993 avec une thèse sur l’art moderne dans le monde arabe (publiée en 1996). Elle a par la suite travaillé sur les chiites en Irak et au Liban et leur rapport aux idéologies de gauche, en Allemagne (Tübingen et Fribourg-en-Brisgau, 1993-1996) et à Bâle (1996-2000), grâce à des bourses et subsides du Fonds National Suisse de la Recherche Scientifique (FNS) et de la Fondation Janggen-Pöhn (St-Gall, Suisse). Elle a enseigné dans les universités de Tübingen (1995/96) et Bâle (1997-2000) ; en 2000, elle a été nommée professeure associée à l’Université de Genève.

Sa recherche porte actuellement sur l’art moderne, les représentations visuelles et l’image dans les mondes arabe et musulman ; elle s’intéresse également aux questions de genre. Elle a ainsi organisé, en avril 2013, avec la prof. Yasmina Foehr-Janssens (Dép. de Français médiéval) un colloque sur la question du voile et du corps féminin, qui a donné lieu a une publication (2015). Elle est la responsable d’un projet Sinergia de quatre ans (2013-2017), Other Modernities: Patrimony and Practices of Visual Expression Outside the West, financé par le FNS, en collaboration avec les professeures Irene Maffi (Université de Lausanne) et Wendy Shaw (Freie Universität Berlin). Elle a été professeure invitée dans les universités de Toronto (2007-2009) et Sassari (Italie, 2012), et à l’Ecole Normale Supérieure à Paris (2016), et chercheure invitée à Göttingen (2013) et Princeton (2003).

Elle fait partie du Comité exécutif de la Société Suisse-Asie et du Conseil scientifique du Walter Benjamin Kolleg, Université de Berne. Elle a été membre du Comité exécutif de l’Académie Suisse des Sciences Humaines et Sociales (ASSH, 2007-2016) et du groupe de réflexion « Pour une nouvelle culture dans les sciences humaines » auprès de l’ASSH (2012-2015)

Pour plus d’information: https://www.unige.ch/lettres/meslo/unites/arabe/enseignants/naef/

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Silvia Naef fut invitée par Arl@s dans le cadre du Labex TranferS, pour accompagner le groupe dans ses recherches sur les circulations artistiques dans, vers et depuis les pays arabes au XXe siècle. Elle donna également deux cours d’introduction à l’histoire de l’art arabe moderne, ouvert à tous.

 
2 cours d’introduction à l’histoire de l’art arabe moderne
Dans le monde arabe, l’histoire de l’art moderne (al-fann al-hadîth), qui résulte de l’adoption de la modalité de production occidentale et de la rupture avec l’ « art islamique », peut être subdivisée en trois périodes : 1. la période d’adoption de l’art occidental, 2. la période d’adaptation à des pratiques « locales » et 3. la période de globalisation, lorsque certains artistes originaires du monde arabe deviennent partie intégrante de la scène artistique internationale.
Dans ces deux cours, il sera question des deux premières périodes, pendant lesquelles se forme l’art moderne (au sens d’une modernité « classique ») qui préfigure le changement de paradigme (tel que défini par Nathalie Heinich) conduisant à l’art contemporain à partir des années 1990.
Jeudi 17 mars 2016, cours 1 : L’art moderne dans le monde arabe – la période d’adoption (fin 19ème s. – 1950)
10h-12h30, salle Simone Weil
L’adoption de l’art dans sa modalité occidentale est étroitement liée au processus de modernisation qui saisit les pays sous domination ottomane à partir du 19ème siècle. Dans les principaux centres de cette modernisation, soit sous l’impact d’artistes européens installés dans le pays, soit par la fondation d’écoles d’art, soit par des études en Europe, un art académique à forte coloration orientaliste fait son apparition au tournant du 20ème siècle. Considérée comme « moderne » par les contemporains, cette production sera perçue comme « arriérée » par la postériorité ou, dans le meilleur des cas, comme une forme d’auto-orientalisme. Au-delà des lectures immédiates et par trop simplificatrices, nous essayerons de comprendre les enjeux de cette nouvelle forme d’expression et de suggérer quelques clés de lecture possibles. Nous évoquerons également les attitudes de cette première génération d’artistes, appelés « pionniers » (ruwwâd), à l’égard de l’ « art islamique ».
Jeudi 24 mars 2016, cours 2 : L’art moderne dans le monde arabe – la période d’adaptation (1950-1991)
10h-12h30, salle Simone Weil
Après la Deuxième Guerre mondiale, avec l’accès de la plupart des Etats de la région à l’indépendance, la question de l’identité (nationale) se pose avec insistance. C’est également la période où l’art moderne occidental, qui s’est développé dans la première moitié du 20èmesiècle, est pris en compte par une nouvelle génération d’artistes qui découvrent l’apport des arts extra-européens à celui-ci. Ces deux mouvements confluent dans ce qu’on peut appeler une « modernité arabe » qui combine les acquis stylistiques et théoriques de l’art moderne avec les interrogations identitaires. Ainsi, la discussion sur la modernité (hadâtha) est intimement liée à celle sur l’authenticité (asâla) qui s’exprime par l’intégration d’éléments du patrimoine (turâth) dans l’œuvre d’art. Ce patrimoine est pluriel : antéislamique, populaire, islamique. Son utilisation vise, dans un premier temps, à créer un art spécifique, original, moderne et national. Dans un deuxième temps, il devient un moule, un passage obligé, sinon dans la pratique, dans le discours dominant, qui vise à faire de toute œuvre une œuvre « arabe ».
Participation au Projet Artlas 2016

– circulations artistiques internationales depuis, et vers entre les pays arabes –
 
Séminaire du jeudi 17 mars 2016 : Atelier de travail (1)
– Présentation et discussion des travaux du groupe sur l’art vivant dans les pays arabes 1900-1990
13h30-15h30, Salle de l’IHMC (3e étage, escalier D)
La jeune équipe du groupe Artlas a réalisé au premier semestre 2015-2016 une collecte systématique de toutes les expositions d’art vivant ayant eu lieu dans les pays arabes, du Maroc à l’Irak, sur la période 1900-1990, et répertoriées par les spécialistes. Cette première recherche laisse apparaître une activité régulière de production et de valorisation de l’art dans les principales métropoles de la région, avec une activité croissante – qui ne fait pas que refléter aussi l’intérêt plus important des chercheurs pour l’art dans les pays arabes depuis les Indépendances. Ce travail met également en évidence des lacunes considérables dans l’accès à une source essentielle pour retracer l’activité artistique – nous avons en effet vérifié si les chercheurs citaient une source de première main, et si un catalogue, le cas échéant, était disponible quelque part dans le monde. Ce premier travail doit susciter la prise de conscience dans la communauté académique de l’importance de rassembler les informations fournies par ces catalogues, lorsqu’ils ont été archivés, copiés ou photographiés, et d’en mettre l’intégralité à disposition des chercheurs.
La première collecte (expositions d’art vivant dans les pays arabes 1900-1990) devait aider le groupe Artlas à choisir des sources raisonnables et accessibles pour commencer une étude plus précise, sur période courte, des circulations artistiques dans l’espace méditerranéen à l’époque contemporaine. Le printemps 2016 est consacré à la collecte des catalogues des biennales d’Alexandrie des années 1950 aux années 1970, données croisées à celles des catalogues de la Biennale de Paris et d’autres biennales déjà intégrées à la base. La rencontre avec Mme Naef doit être l’occasion de mieux comprendre le contexte de création de la Biennale d’Alexandrie, de repérer les circulations importantes dans l’espace transnational qui sera ainsi mis en valeur, et de mieux comprendre les enjeux culturels, politiques et marchands de ces circulations. En étudiant conjointement les données, leur analyse statistique, géographique et transnationale, nous envisagerons avec Mme Naef les approfondissements à faire, et les directions possibles à donner à une publication collective du groupe, dans le cadre de leur formation à la recherche.
Le projet doit permettre de tester par ailleurs la pertinence des méthodes du groupe pour un projet plus large d’étude du champ mondial des Biennales de 1895 à nos jours, porté par le Groupe Artl@s.
Séminaire du jeudi 31 mars – De l’exposition au catalogue : parler de l’art contemporain du monde arabe
13h30-15h30, Salle de l’IHMC (3e étage, escalier D)
Procédant de mes questionnements sur l’écriture de l’histoire de l’art moderne du monde arabe, cette intervention se penchera plus spécifiquement sur des catalogues d’expositions publiés ces dernières années. Depuis les années 2000 en effet, le nombre d’expositions d’art du monde arabe ou du Moyen-Orient a augmenté de manière significative en Europe comme aux Etats-Unis. A l’origine de ce phénomène on trouve la mondialisation de la scène artistique, l’affirmation nouvelle de certaines villes ou Etats de la région sur la carte de l’art mondial, ainsi que le rôle accru de collectionneurs qui acquirent des œuvres en provenance de leurs pays. Ces expositions sont le plus souvent accompagnées de catalogues dont un des buts premiers est de donner des clés de lecture aux visiteurs, souvent dépourvus de toute connaissance des scènes artistiques moyen-orientales. Or, contrairement à d’autres régions du monde, l’écriture de l’histoire de l’art moderne de la région est encore à ses débuts et il existe un réel manque de documentation. De ce fait, les textes des catalogues d’expositions récentes deviennent des références, car facilement accessibles, et sont utilisés comme sources dans des publications ultérieures. Après avoir évoqué quelques expositions emblématiques qui ont eu lieu ces dernières années, nous allons essayer d’examiner, dans le cadre de l’atelier, de quelle manière art et artistes de cette région du monde sont présentés, puis aborder les questions spécifiques qui se posent, du fait d’une recherche qui reste fragmentaire.
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